L'histoire du pouce coquin

L'HISTOIRE DU POUCE COQUIN

Pièce pour enfants

 

nombre minimum de comédiens : 2 et des marionettes

 

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Catastrophe ! Jeannette, qui n'est quand même plus un bébé, mais qui suce toujours son pouce avant de s'endormir ou chaque fois qu'elle a un chagrin, vient de perde son pouce. Est-ce qu'il a fondu pendant la nuit dans la bouche de Jeannette ? Ou peut-être qu'il en a eu assez d'être maltraité et qu'il a fait une fugue ? On ne sait pas. Personne ne le sait. Ni même Nounours, le doudou de Jeannette (qui, entre nous soit dit, suce, lui aussi, sa patte avant de s'endormir). Malheureuse comme tout, accompagnée par son doudou, Jeannette part à la recherche de son pouce coquin. Ce sera un long voyage plein d'aventures et des rencontres. Car tout le monde veut aider Jeannette. Le docteur, l'illusionniste, la sorcière, le Martien jardinier, les enfants martiens ou la bonne Fée, tout le monde lui propose des solutions. Mais non, Jeannette ne veut ni un pouce en bois, ni un crayon à la place de son pouce, ni un pouce en fleur, ni un pouce en feu d’artifice, ni un pouce de martien plein de bouton… Elle veut son pouce à elle, qui était petit, gentil, doux, tout rose et qui gigotait si bien dans sa bouche… Mais n'avez pas peur, chers spectateurs. Cette histoire finira bien, avec Nounours dans les bras de Jeannette et avec Jeannette dans les bars de sa maman. Quant au pouce coquin, il sera de retour. Et c'est Jeannette elle-même qui décidera quand et comment elle va se séparer de son pouce si gentil et si doux…

Personnages :

JEANNETTE
LE NOUNOURS - DOUDOU
LE CLOWN NARRATEUR
LE DOCTEUR
LE MAGACIEN
LA SORCIERE
LE MARTIEN JARDINIER
PLUSIEURS ENFANTS MARTIENS
LA BONNE FEE (MAMAN)

JEANETTE et son doudou, LE NOUNOURS qui suce sa patte.

JEANNETTE – Ecoute, petit nounours, combien de temps vas-tu encore sucer ta patte ? Toute la journée tu suces ta patte. Le matin, déjà, tu te réveilles la patte dans la bouche. En attendant ton petit déjeuner, tu suces ta patte. Pendant que tu regardes des dessins animés à la télé, tu suces ta patte. Si par hasard tu tombes par terre et que ça te fait mal, tu te mets tout de suite à sucer ta patte. Lorsque la nuit tombe, tu as peur du noir et tu suces ta patte. Lorsque  maman nous raconte une histoire, tu l’écoutes toujours la patte dans ta bouche. Dans la voiture, tu n’es rassuré que si tu suces ta patte. Dès qu'on s'installe au théâtre pour voir un spectacle de marionnettes,  tu te mets tout de suite à sucer ta patte. Dès que quelque chose te fait rigoler, tu te mets tout de suite à sucer ta patte. Ecoute, nounours, tu es grand maintenant. Il faut que ça change. Demain, au réveil, je ne veux plus te voir la patte dans ta bouche ! Tu as compris ? Bonne nuit !

JEANETTE se couche, en suçant son pouce.

LE NARATTEUR (qui peut être un clown, un personnage en peluche, etc.) – Voilà… Ça se passe toujours comme ça, au coucher. D’abord, maman ou papa raconte une histoire à Jeannette qui écoute en suçant son pouce. Ensuite, maman et papa donnent plein de bisous à Jeannette. Ils lui disent « bonne nuit, Jeannette » et Jeannette dit, en suçant bien sûr son pouce « bonne nuit, maman, bonne nuit, papa ». Et dès que maman et papa sortent, Jeannette se met à gronder son nounours qui l’écoute en suçant sa patte. Voilà, ça se passe toujours comme ça sauf que… cette nuit-là Jeannette a fait un rêve terrible… Pendant la nuit son pouce a fondu dans sa bouche. Oui, oui, c’est comme ça que notre histoire commence. Jeannette découvre que son pouce n’existe plus.

JEANNETTE se réveille.

JEANNETTE – Nounours ! Nounours, réveille-toi !
LE NOUNOURS – Qu’est-ce qu’il y a ?
JEANNETTE – Regarde, j’ai perdu mon pouce.
LE NOUNOURS – Mais c’est impossible.
JEANNETTE – Mais non, regarde, il n’est plus là.
LE NOUNOURS – Comment ça, il n’est plus là ?
JEANNETTE – Mais non, il est parti. Il m’a abandonné… (Elle se met à pleurer.) Comment faire maintenant pour m’endormir sans mon pouce ?
LE NOUNOURS – Attends, Jeannette, on va le retrouver. Il est tombé dans le lit. Regarde sous ton oreiller…
JEANNETTE – Non, il n’est pas sous mon oreiller.
LE NOUNOURS – Regarde sous la couverture…
JEANNETTE – Non, il n’est pas sous la couverture.
LE NOUNOURS – Regarde dans la poche de ton pyjama… Il s’est peut-être glissé dans la poche de ton pyjama.
JEANNETTE – Non, il n’est pas dans la poche de mon pyjama.
LE NOUNOURS – Attends, attends, il n’est pas loin, je le sens. Regardons sous le lit. Il est peut-être tombé pendant la nuit et il a roulé sous le lit.

       Ils regardent tous le deux sous le lit.

JEANNETTE – Non, il n’est pas sous le lit… (Elle se met de nouveau à pleurer.) Il n’est nulle part.
LE NOUNOURS – Attends, attends, il ne faut pas paniquer. Lorsqu’on perd son pouce, il faut surtout ne pas paniquer. Il s’agit peut-être de l’un de ces pouces un peu coquins, un peu malins, qui se baladent tout seuls pendant la nuit, après que les enfants s’endorment. Il s’est peut-être amusé à grimper dans ta malle à jouets, et il est resté coincé là…
JEANNETTE – Non, les pouces ne sont jamais ni coquins, ni malins… Les pouces sont toujours gentils et doux. (Elle se met à hurler.) Je veux mon pouce… Je veux mon pouce…
LE NOUNOURS (paniqué) – Attends, attends, ne pleure pas Jeannette. Je vais trouver une solution…
JEANNETTE – J’ai besoin de mon pouce pour pouvoir m’arrêter de pleurer…
LE NOUNOURS – Tiens, voilà ! J’ai trouvé. Je te prêts mon pouce. Voilà. Tu peux le garder toute la matinée.

       JEANNETTE essaie la patte du NOUNOURS.

JEANNETTE – Non, je n’aime pas ton pouce. Il est trop grand et trop poilu. Mon pouce était tout petit et tout lisse. Je veux mon pouce…
LE NOUNOURS – Attends, reste comme ça… la bouche grande ouverte… (LE NOUNOURS fouille dans  la malle à jouets et se munit d’une lampe de poche.) On va dire que tu es chez le dentiste… Ouvre encore… on va regarder dans ta bouche… Il est peut-être encore dans ta bouche… Installe-toi… (Il allume la lampe de poche et scrute à l’intérieur de la bouche grande ouverte de JEANNETTE.) Ouvre bien la bouche… Encore… Voilà… Maintenant je vois bien…
JEANNETTE (parle la bouche grande ouverte) – Il est là, mon pouce ?
LE NOUNOURS – Désolé… Je ne le vois pas… Il a dû totalement fondre dans ta bouche…
JEANNETTE – Alors c’est que je l’ai avalé… (Elle se met de nouveau  à pleurer.) J’ai avalé mon pouce… Et maintenant j’ai mal au ventre… Et quand j’ai mal au ventre j’ai envie de sucer mon pouce… Je veux mon pouce… 

       LE NOUNOURS s’agite de nouveau en cherchant des solutions.

LE NOUNOURS – Attends, Jeannette. Ne pleure pas. Je vais trouver une solution. Il y a plein de pouces dans ta chambre. Attends, essaie de sucer le pouce de ta panthère rose.
JEANNETTE – Non, je n’aime pas les pouces mous.
LE NOUNOURS – Tiens, essaie le pouce de ton tigre…
JEANNETTE – Non, je n’aime pas les pouces qui ont des griffes.
LE NOUNOURS – Tiens, essaie le pouce de ton clown…
JEANNETTE – Non,  je n’aime pas les pouces qui ont des gants.
LE NOUNOURS – Tiens, essaie le pouce de Pinocchio.
JEANNETTE – Non, je n’aime pas les pouces en bois.
LE NOUNOURS – Tiens, essaie le pouce de ta poupée.
JEANNETTE – Mais non, tu ne vois pas que c’est trop petit ? Mon pouce était plus grand que ça, il était doux, il savait chasser la peur, et en plus il avait une jolie couleur.
LE NOUNOURS – Le pouce du robot… (Elle hurle.) Le pouce du squelette que tu as acheté pour la fête de Halloween…  (etc.)

       JEANNETTE hurle encore plus fort.

JEANNETTE – Je veux mon gentil petit pouce. Je ne veux pas un pouce en mousse. Mon pouce mignon et doux, où es-tu ? Je veux que mon pouce repousse, et qu'il gigote de nouveau dans ma bouche comme d'habitude.
LE NOUNOURS – Dans ce cas, il faut voir un docteur. Il connaît sûrement un médicament qui fait repousser les pouces fondus dans la bouche. (Il s'adresse à un éléphant jouet.) Monsieur l’éléphant, soyez gentil. Vous êtes fort. Portez-nous jusqu’à monsieur le docteur.

       L’éléphant les porte jusqu’au cabinet du Docteur.

JEANNETTE – Bonjour, monsieur le Docteur. 
LE DOCTEUR – Bonjour Jeannette. Raconte-moi ce qui t'arrive. Tu as attrapé un petit méchant rhume ? Il y a peut-être ton petit gentil nez qui coule ? 
JEANNETTE – Non, ce n’est pas ça…
LE DOCTEUR – T’as fait peut-être mal aux oreilles ?
JEANNETTE – Non, ce n’est pas ça…
LE DOCTEUR – Il y a peut-être quelques petits méchants boutons qui te grattent ? Tu as la varicelle ? Tu as des boutons partout ? Ah, ça me plaît…
JEANNETTE – Non, ce n’est pas ça…
LE DOCTEUR – Tu es tombée et tu t’es fait un petit méchant bobo au genou ?
JEANNETTE – Non, ce n’est pas ça…
LE DOCTEUR – Je sais. Ta première dent vient de tomber et tu l’as avalée.
JEANNETTE – Non, monsieur le Docteur… C’est pire que ça.
LE DOCTEUR – Nooon…
JEANNETTE –  Mon pouce a disparu !
LE DOCTEUR – Nooon !
JEANNETTE – Oui.
LE DOCTEUR – Il a fondu ?
JEANNETTE – Je ne sais pas.
LE DOCTEUR – Tu l'as peut-être avalé ?
JEANNETTE – Je ne sais pas.
LE DOCTEUR – C'est arrivé quand ?
JEANNETTE – Cette nuit, pendant mon sommeil.  Et je veux un médicament pour qu’il repousse tout de suite.
LE DOCTEUR – Je vois… Hm… Attends… On va consulter ensemble le petit livre des petits remèdes pour retrouver les petits pouces coquins disparus dans les petites bouches endormies… (Il cherche dans sa bibliothèque, trouve le traité, l’ouvre.) Alors… Est-ce qu’il y a des petites solutions… Attends…
JEANNETTE – Plus vite, monsieur le médecin. Cherchez plus vite, s’il vous plaît. Mon pouce me manque et j’ai envie de le sucer tout de suite.
LE DOCTEUR (qui consulte toujours son traité) – Patience, Jeannette. Patience.
JEANNETTE – Oui, mais, vous savez, pour pouvoir patienter j’ai besoin de sucer mon gentil petit pouce.
LE DOCTEUR – Voilà, j’ai trouvé… Donc, pour que ton petit pouce puisse repousser, il faut…
JEANNETTE – Quoi ? Quoi ?
LE NOUNOURS – Quoi ?
LE DOCTEUR – Tout d’abord, beaucoup de patience. Et puis… (Brusquement horrifié.)  Beurk !
JEANNETTE – Quoi ?
LE DOCTEUR – Beurk… Je n'ose pas le dire…
JEANNETTE – Mais si…
LE DOCTEUR – Des légumes... J'ai horreur des légumes.  
JEANNETTE – Des légumes ?!
LE NOUNOURS – Des légumes ?!
LE DOCTEUR (il chante) – Pour que ton pouce puisse repousser…
                                   il faut que tous les jours tu manges
                                           un peu d’épinards
                                           un peu de salade
                                           un peu de tomate
                                           un peu d’avocat…

Numéro de légumes.

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XZAR Compagnie, Action Théâtre Enfance, Paris,
mise en scène Michel Rosenmann, 2005-2006

français (disponible en format électronique)

MENTIONS LEGALES

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